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Electricité : Comment la France espère produire plus d’électricité avec moins d’éoliennes

Les parcs éoliens sont nombreux sur la côte d'Opale, comme ici à Camiers Sainte-Cécile, et posent parfois problème aux riverains, qui se plaignent de la densité. - Q. Top/Hans Lucas/AFP

L'essentiel

«Le vent souffle sur les plaines de la Bretagne armoricaine. Je jette un dernier regard sur ma femme, mon fils et mon domaine ». Quand Manau chantait La Tribu de Dana en 1998, la Bretagne se coiffait de ses premières éoliennes, souhaitant profiter de son célèbre vent d’ouest pour produire une électricité qui lui faisait alors grandement défaut. Un quart de siècle plus tard, les pales tournent toujours malgré le poids des années. Décriées par certains, qui estiment qu’elles défigurent le paysage, les éoliennes sont la troisième source de production d’électricité en France (10 % environ), loin derrière le nucléaire (72 %) mais talonnant l’hydraulique (13 %). Engagée dans un verdissement de sa production électrique, la France s’est fixée des objectifs ambitieux concernant l’éolien, notamment via le développement de parcs en mer. Mais si l’offshore apportera le plus gros de la puissance, le terrestre ne pourra pas être laissé de côté. Sauf que face à la raréfaction des terrains susceptibles d’accueillir de nouveaux mâts, il va falloir bien chercher. Ou remplacer l’existant. Cette solution est appelée « repowering » dans le jargon très technique des promoteurs de l’éolien, qui misent gros dessus.
A Kergrist (Morbihan), les habitants vivent avec les éoliennes depuis presque vingt ans. L’an dernier, les 11 mâts ont été démontés pour être remplacés par sept éoliennes toutes neuves. « On en installe moins et pourtant, on va tripler la production », assure Perrine Lesaint. « La technologie n’est plus du tout la même. Aujourd’hui, on a des éoliennes qui font 180 mètres de haut en bout de pales. Elles sont plus grandes, plus toilées et surtout plus puissantes », poursuit la responsable régionale d’EDF Renouvelables

Le problème pour les professionnels de l’énergie, c’est qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi et n’importe où. A l’heure actuelle, la réglementation leur impose un « seuil de notabilité », qui les empêche de modifier un parc de plus de 10 % sans repasser par une étude environnementale pouvant prendre des années. La France est également grandement limitée en hauteur par les contraintes aériennes liées aux radars, qu’ils soient militaires ou météorologiques. « C’est pour cela que nous aimerions que ce seuil soit fixé à 32,5 %. Cela nous permettrait d’accroître la production de 90 % sans rogner sur les questions environnementales, par exemple ». D'autant que sur le marché mondial, les modèles d'éoliennes sont de plus en plus grands, rendant plus rares les versions les moins puissantes. Et donc plus chères.

Ces arguments, les opposants à l’éolien continuent de les balayer. Que l’on parle de remplacement, de renouvellement, de « repowering », ils sont contre. « Quand un parc éolien est déjà là, il n’y a pas d’acceptation. Les gens sont juste assommés. Pour nous, le repowering, c’est juste une bonne excuse pour aller plus haut et gagner quelques années de subventions », critique Daniel Steinbach, président de Vent de colère.

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